Christian Bigaud - Orgue de barbarie
Chanson française d'hier et d'aujourd'hui

RETOUR à la LISTE
L'HIRONDELLE DU FAUBOURG
Ernest DUMONT / Louic BENECH (1912)

 



A l’hôpital, c’est l’heure de la visite,
Le méd’cin chef passe devant tous les lits:
“L’numéro treize, qu’est-ce qu’elle a cette petite?”
-“C’est la blessée qu’on amena cette nuit.”
-“N’ayez pas peur, faut que j’sond vos blessures,
Deux coups d’couteau...près du coeur...y’a plus d’sang!
Non, pas perdue...à vôtre âge on est dure,
Seul’ment tout d’même faut prév’nir vos parents!”
Mais la mourante alors a répondu:
Je suis toute seule depuis qu’maman n’est plus...


On m’appelle l’hirondelle du faubourg,
Je ne suis qu’une pauvre fille d’amour,
Née un jour d’la saison printanière,
D’une petite ouvrière
Comme les autres j’aurais p’t’être bien tourné,
Si mon père au lieu d’m’abandonner,
Avait su protéger de son aile, l’hirondelle!”


L’docteur reprit: “vous portez une médaille,
“C’est un cadeau sans doute de votre amant?”
-“Non, c’est l’souvenir de l’homme de rien qui vaille,
De l’homme sans coeur qui trompa ma maman!”
-“Laissez moi lire: André, Marie Thérèse.
Mais j’la reconnais, cette médaille en argent,
Et cette date: Avril quatre vingt treize!
Laissez moi seul, j’veux guérir cette enfant.
Vous m’regardez tous avec de grands yeux,
C’est mon devoir d’soigner les malheureux.

On l’appelle l’hirondelle du faubourg,
Ce n’est qu’une pauvre fille d’amour,
Née un jour d’la saison printanière,
D’une petite ouvrière
Comme les autres elle aurait bien tourné,
Si son père au lieu d’l’abandonner,
Avait su protéger de son aile, l’hirondelle!

L’numéro treize :.toujours quarante de fièvre,
Oui ça ne va pas comme j’l’avais espéré,
Je vois la vie s’échapper de ses lèvres,
Et rien à faire...rien ...pour l’en empêcher!
Je suis savant, j’en ai guéri des femmes,
Mais c’est celle-là qu’j’aurais voulu sauver,
La v’là qui passe, écoute retiens ton âme,
Je suis ton père, ma fille bien aimée.
Je n’suis pas fou, je suis un malheureux,
Vous, mes élèves, écoutez, je le veux!


On l’appellait l’hirondelle du faubourg,
C’était une pauvre fille d’amour,
Née un jour d’la saison printanière,
D’une petite ouvrière
Comme les autres elle aurait bien tourné,
Si lâchement, au lieu d’l’abandonner,
J’avais su protéger de mon aile, l’hirondelle!”